Ils n’ont de la pièce d’Arrabal que les prénoms. L’histoire de Fando et de Lis, ici est bien différente. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Nous sommes au cirque, dans les disciplines du cirque. Et la méchanceté de Fando pourrait passer pour celle d’un mauvais clown.

Les deux personnages ici se rencontrent au bord d’une voie ferrée. Partir ? Pour où ? D’autant qu’il n’y a pas que des rails, ce qui ressemble à une gare est presque entièrement fait de métal, une construction dans le style de Gustave Eiffel. Alors, la tentation est grande de ne pas s’embarquer horizontalement, mais de prendre la voie verticale.

C’est ce que fait Fando, et tout va s’ensuivre. Lis au trapèze, à la corde, au tissu, Fando à l’équilibre, à la corde, au mât chinois… Ils jouent au sol et dans les airs les sentiments que déclenche une rencontre imprévue, sur le quai d’une gare : séduire, se faire rabrouer, offrir des fleurs, faire l’intéressant, oser des sauts périlleux, se balancer, balancer aussi (c’est-à-dire hésiter), subir et faire face aux intempéries, oser quelques tours de magie et monter au septième ciel…

Et finalement pourquoi partir ? Alors qu’il y a tout près quelqu’un à aimer.

Et à nos yeux de spectateurs, tout départ est un risque, toute chute serait fatale.

C’est parce que tout ce que nous voyons est vrai que les artistes ont choisi une gestuelle de film muet, sans effets spéciaux, sans parole. Et la musique, comme dans ces films, soutient les mouvements des acrobates et les battements des cœurs. Avec Les Krilati, on ne s’émerveille que de l’humain, pas de l’artifice.

Marc VERHAVERBEKE.